Migraine Québec vous amène à une conférence par et pour les médecins! Il est rare que le grand public assiste à des événements spécialisés comme celui de la Société canadienne des céphalées (SCC), qui a eu lieu les 26 et 27 septembre 2025 à Toronto. Ce fut une occasion unique d'entendre les expert·es de la médecine des céphalées, c'est pourquoi nous vous en offrons un survol simple, accessible et vulgarisé. Cet article a été rédigé par l’équipe de Migraine Québec et n'a pas fait l'objet d'une révision de Dr Andrew Blumenfeld.
Aperçu de la conférence de Dr Andrew Blumenfeld, neurologue
Partie 2
Dans le cadre de sa conférence sur le concept de « Migraine Freedom » (relâcher l’emprise de la migraine), le Dr Andrew Blumenfeld a également souligné l’importance de prévenir la progression de la migraine. Très intéressant : il parle de « progression » plutôt que de « chronicisation ». Des études récentes montrent que si on envisage la progression de la migraine uniquement en termes de chronicisation (c’est-à-dire qu’on considère qu’il y a progression uniquement lorsque les patient·es passent d’une fréquence épisodique à une fréquence chronique), on passe à côté de d’autres formes de progression de la maladie qui peuvent avoir des impacts fonctionnels significatifs.
Par exemple, si on regarde seulement si une patiente est passée d’une fréquence épisodique à une fréquence chronique, on ne remarquera peut-être pas que son nombre de jours de crise moyen est passé de 7 à 12 par mois au cours de la dernière année. Même si elle reste dans la catégorie « épisodique », sa qualité de vie s’est probablement dégradée et son traitement pourrait sans doute être ajusté.
Dr Blumenfeld fait donc mention d’une étude récente qui propose de considérer 3 critères de progression de la migraine :
- passer d’une fréquence épisodique à une fréquence chronique;
- augmentation de 5 jours de crise ou plus par mois;
- augmentation de 5 points ou plus au questionnaire MIDAS.
Cette étude montre que selon le critère utilisé (1, 2 ou 3), le pourcentage de patient·es chez qui la maladie est considérée comme ayant progressé est différent. Cela veut dire que si les critères de progression sont trop étroits, dans de nombreux cas, on risque de ne pas voir que la maladie progresse. Et si on ne voit pas que la maladie progresse, on ne traite peut-être pas de manière optimale.
Le Dr Blumenfeld recommande de traiter agressivement si toute forme de progression de la maladie est constatée. Il souligne par ailleurs que cet aspect ne figure pas pour l’instant dans les lignes directrices de la Société canadienne des céphalées (SCC). Il faut noter que le Dr Blumenfeld pratique en Californie, et que le système de santé américain est très différent du nôtre. On peut donc émettre des hypothèses sur les raisons pour lesquelles un traitement préventif plus « agressif » n’est pas encore encouragé au Canada.
Dans notre système de santé, il y a des obstacles à la combinaison de traitements préventifs. Les traitements novateurs, comme les anti-CGRP et les gépants, coûtent significativement plus cher que les traitements oraux conventionnels (antidépresseurs, antihypertenseurs, etc.). De plus, comme ce sont de nouveaux médicaments, certains médecins ne sont pas à l’aise de les prescrire, et réfèrent plutôt les patient·es qui en auraient besoin en neurologie. Vous le savez sans doute : les délais sont longs pour voir un·e spécialiste.
Malgré toutes ces embûches, il a été inspirant d’entendre, tout au long de la conférence, des spécialistes comme le Dr Blumenfeld encourager leurs collègues médecins à viser mieux pour leurs patient·es que les cibles de traitement en vigueur au Canada actuellement.
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