Migraine Québec vous emmène à une conférence par et pour les médecins! Il est rare que le grand public assiste à des événements spécialisés comme celui de la Société canadienne des céphalées (SCC), qui a eu lieu les 26 et 27 septembre 2025 à Toronto. Ce fut une occasion unique d'entendre les expert·es de la médecine des céphalées, c'est pourquoi nous vous en offrons un survol simple, accessible et vulgarisé. Cet article a été rédigé par l’équipe de Migraine Québec et n'a pas fait l'objet d'une révision de Dr Andrew Blumenfeld.
Aperçu de la conférence de Dr Andrew Blumenfeld, neurologue
Partie 1
Imaginez un visage, dessiné en noir et blanc. Devant, des barreaux, comme si la personne se trouvait dans une cellule de prison. Sur le côté, un objet qui pourrait à tout moment frapper la tempe.
Le dessin a été fait par une patiente du Dr Andrew Blumenfeld en 2006. Elle vit avec la migraine, et dit se sentir « emprisonnée » par la maladie.
Dr Blumenfeld raconte comment ce dessin lui a fait prendre conscience de quelque chose d’important : en tant que médecin, même s’il veut aider, améliorer la qualité de vie de ses patient·es, il se trouve quand même de l’autre côté des barreaux. À l’extérieur de la cellule. Libre.
C’est donc l’imaginaire de la prison qui lui inspire le concept de « migraine freedom », que nous traduirons par « relâcher l’emprise de la migraine ». Dr Blumenfeld est clair : migraine freedom, ça ne veut pas dire être complètement « libéré·e » de la maladie/ne plus avoir de crises. Il rappelle que la migraine est une maladie neurologique chronique, une maladie sensibilisante, comme l’épilepsie : on peut traiter et contrôler la fréquence et l’intensité des crises, mais pas guérir la maladie.
Dr Blumenfeld trouve que la cible d’amélioration visée pour les traitements préventifs (50 % du nombre de jours de migraine par mois) n’est pas assez ambitieuse. Il propose plutôt aux médecins de viser migraine freedom pour leurs patient·es.
Prenons l’exemple d’une personne qui aurait à la base 25 jours de migraine par mois. Grâce au Botox, elle passe à 12 jours de migraine par mois. Selon les cibles conventionnelles (50 % d’amélioration), le traitement est un « succès » – le résultat est jugé comme satisfaisant. Dr Blumenfeld croit que l’on peut viser mieux pour cette personne. Il privilégie donc la combinaison de traitements préventifs. Par exemple, une patiente qui obtiendrait 30 % d’amélioration avec un premier traitement préventif conserverait ce traitement, et le médecin en ajouterait un autre afin d’additionner peu à peu les bénéfices de plusieurs traitements. Ce faisant, il serait possible
- d’éliminer petit à petit les jours de migraine ou de maux de tête résiduels;
- de regagner peu à peu des journées sans migraine ni symptômes associés (nausée, sensibilité à la lumière ou aux bruits);
- d’avoir des jours sans céphalée (ce que certains spécialistes appellent des « jours libres » : non seulement des jours sans céphalée migraineuse ni symptômes de crise, mais des jours où il n’y a pas du tout de mal de tête);
- d’avoir éventuellement des journées avec la tête complètement claire (crystal-clear days, selon le vocabulaire du Dr Blumenfeld).
Pour Dr Blumenfeld, une journée avec la tête complètement claire veut dire :
- pas de céphalée
- pas de nausée/vomissements
- pas de sensibilité à la lumière, aux bruits ou aux odeurs
- pas de douleur au cou
- pas de vertiges
- pas de ralentissement cognitif (brouillard mental)
- pas de fatigue excessive
- pas d’effets secondaires des médicaments
Pour un·e patient·e qui vit avec une fréquence de crise élevée, se sortir de l’emprise de la migraine (migraine freedom), ce serait donc parcourir graduellement les 4 étapes décrites ci-haut, grâce à la combinaison de plusieurs traitements préventifs.
Dr Blumenfeld a également fait mention de facteurs liés aux habitudes de vie, par exemple :
- consommer plus de 200 mg de caféine par jour peut diminuer l’efficacité de certains médicaments (saviez-vous qu’une tasse de café filtre peut contenir jusqu’à 400 mg de caféine, alors qu’un expresso en contient environ 40-60 mg?);
- l’activité physique, pratiquée de manière régulière, est aussi efficace qu’un traitement préventif (parfois plus!).
Lisez la partie 2 de la conférence du Dr Blumenfeld : Prévenir la progression de la maladie
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