La chronique récente de Patrick Lagacé sur la « charge odorante » a suscité de nombreuses réactions. L’image d’affiches dans un bureau des passeports rappelant de limiter l’usage de parfums et de déodorant peut sembler exagérée, voire décalée par rapport à la réalité de la majorité. Pourtant, derrière ces anecdotes se cache une réalité bien concrète : pour certaines personnes, les odeurs fortes ne sont pas qu’une question de confort, mais bien un enjeu de santé.
Quand les odeurs deviennent un déclencheur de migraine
La migraine n’est pas un simple mal de tête. Il s’agit d’une maladie neurologique qui peut provoquer des douleurs sévères, des nausées, des vomissements et parfois une incapacité à fonctionner pendant plusieurs jours.
Pour une partie significative des personnes qui en sont atteintes, les odeurs constituent un déclencheur de crise de migraine bien réel. Le parfum d’un·e collègue ou l’odeur forte d’un produit nettoyant peut suffire à plonger une personne vivant avec la migraine dans une crise invalidante.
Au Québec, environ une personne sur sept vit avec la migraine. Cela signifie que, dans nos milieux de travail, nos écoles et nos espaces publics, plusieurs personnes doivent composer au quotidien avec une hypersensibilité aux odeurs.
Trouver le juste milieu
Évidemment, il n’est pas question d’imposer des interdictions rigides ou irréalistes. Mais la réflexion mérite d’être élargie : comment créer des environnements qui protègent la santé des personnes vulnérables, sans donner l’impression de contraintes excessives pour la majorité?
L’intention de Migraine Québec n’est pas de débattre sur la nécessité ou la pertinence d'empêcher les gens de se laver ou de porter du déodorant avant de visiter un lieu public, mais plutôt de développer une meilleure compréhension collective et de réfléchir à des aménagements simples et réalistes qui favorisent l’inclusion.
Une occasion de dialogue
Chez Migraine Québec, nous travaillons chaque jour avec des personnes qui vivent ces réalités. Le sujet des «charges odorantes » nous rappelle à quel point l’expérience de la migraine – et de l’hypersensibilité aux odeurs – est souvent invisible aux yeux du grand public.
En parler, c’est déjà faire un pas vers une société plus inclusive. C’est aussi reconnaître que derrière les affiches qui font sourire se cache un enjeu de santé qui touche des centaines de milliers de Québécoises et Québécois.