L’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) mène actuellement une consultation publique dans le cadre de la réévaluation des conditions de remboursement des anti-CGRP pour le traitement préventif de la migraine. Afin de contribuer à la réflexion, Migraine Québec a rédigé un mémoire qui décrit les difficultés rencontrées par les personnes touchées par la migraine.
Les anti-CGRP sont des médicaments conçus spécifiquement pour traiter la migraine accessibles en deuxième intention de traitement. Cela signifie qu’actuellement au Québec, pour y avoir accès, il faut avoir essayé sans succès trois autres options de traitement préventif de première intention (en général, un antidépresseur, un antihypertenseur et un anticonvulsivant).
Dans son mémoire présenté à l’INESSS, Migraine Québec propose deux ajustements aux critères actuels entourant l’accès aux anti-CGRP pour le traitement préventif de la migraine.
- Permettre l’utilisation des anti-CGRP en traitement de première intention pour les personnes atteintes de migraine chronique et de migraine épisodique fréquente (ne pas exiger 3 échecs thérapeutiques préalables);
- Prolonger le délai de renouvellement des anti-CGRP à 24 mois, en remplacement des délais actuels de 6 à 12 mois.
Voici les grandes lignes de l’argumentaire présenté dans le mémoire.
Contexte et parcours de soins
Au Canada, moins d’une personne sur dix vivant avec la migraine accède à un traitement approprié. D’une part, un nombre important de personnes ne reçoit pas de diagnostic ou obtient le diagnostic tardivement. D’autre part, les traitements préventifs traditionnels sont souvent abandonnés en raison de leur efficacité limitée ou d’effets secondaires incommodants.
Les critères actuels retardent l’accès à des traitements préventifs plus efficaces et mieux tolérés. Or, pour les personnes dont la fréquence de crises est élevée, il est d’autant plus important d’agir rapidement pour prévenir la progression de la maladie, en offrant plus tôt un traitement préventif ciblé.
Renouvellement : un fardeau pour les médecins et les patient·es
L’obligation de renouveler le traitement tous les six mois est une source d’inquiétude pour les patient·es et une charge supplémentaire pour les médecins. Dans de nombreux cas, les délais dans le processus de renouvellement entraînent un retard de traitement. Ce retard risque d’augmenter la fréquence des crises, perturbant le quotidien des patient·es dont l’état s’était stabilisé.
Les coûts indirects de la migraine sont considérables
Dans ses évaluations, l’INESSS priorise les coûts directs pour le système de santé, par exemple, le prix des médicaments et des consultations médicales. L’accès aux anti-CGRP est restreint parce que ces médicaments coûtent cher comparativement aux traitements préventifs traditionnels (antidépresseurs, antihypertenseurs et anticonvulsivants).
Les coûts indirects de la migraine incluent par exemple l’absentéisme (s’absenter du travail en raison d’une crise), le présentéisme (se rendre au travail malgré une crise légère ou modérée, alors que la productivité est réduite) et l’invalidité. Ces coûts sont très élevés parce que la migraine est plus prévalente chez la population en âge de travailler. La prise en considération des coûts indirects est essentielle pour mesurer l’impact global de la migraine sur la société.
Le mémoire présenté à l’INESSS par Migraine Québec propose une analyse économique des impacts de la migraine, incluant les estimations les plus récentes des coûts directs et indirects de la maladie au Canada.
Vers un meilleur accès aux anti-CGRP
En s’appuyant sur les données les plus récentes, les recommandations formulées au Canada et à l’international, ainsi que sur la réalité du terrain, Migraine Québec souligne l’importance d’élargir l’accès aux anti-CGRP, sans exiger trois échecs thérapeutiques, et de prolonger le délai d’autorisation de renouvellement de ces traitements à 24 mois.
Ces propositions s’inscrivent dans une tendance internationale portée par l’Organisation mondiale de la santé qui souligne que la migraine est une maladie répandue et invalidante dont les impacts sont encore trop souvent sous-estimés. Cette prise de conscience appelle à agir plus tôt et de manière plus stratégique, afin de réduire concrètement le fardeau qu’elle impose aux individus comme à la société.
Submission of a Brief to the INESSS Regarding Access to Anti-CGRP Treatments
The Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) is currently conducting a public consultation as part of its reassessment of the reimbursement conditions for anti-CGRP medications used in the preventive treatment of migraine. To contribute to this process, Migraine Québec has submitted a brief outlining the challenges faced by individuals living with migraine.
Anti-CGRP medications are specifically designed to prevent migraines and are currently considered second-line treatments. In Québec, this means that in order to access them, patients must first have tried and failed three first-line preventive treatments—typically an antidepressant, an antihypertensive, and an anticonvulsant.
In its submission to the INESSS, Migraine Québec proposes two key changes to the current access criteria for anti-CGRP treatments:
- Allow anti-CGRP medications to be used as a first-line treatment for individuals with chronic migraine and frequent episodic migraine (removing the requirement to fail three other treatments first);
- Extend the renewal period for anti-CGRP prescriptions to 24 months, instead of the current 6 to 12 months.
Below are the main points of the argument presented in the brief.
Context and Care Pathway
In Canada, fewer than one in ten people living with migraine receive appropriate treatment. Many individuals either remain undiagnosed or receive a diagnosis late. In addition, traditional preventive treatments are often discontinued due to limited effectiveness or troublesome side effects.
Current access criteria delay the use of more effective and better-tolerated preventive treatments. Yet for individuals who experience frequent migraine attacks, early intervention is especially important to prevent disease progression by providing targeted preventive treatment sooner.
Renewal Requirements: A Burden for Patients and Physicians
The requirement to renew treatment every six months creates stress for patients and adds to physicians’ workload. In many cases, delays in the renewal process lead to treatment interruptions. These can increase the frequency of migraine attacks, disrupting the lives of patients whose condition had previously stabilized.
The Hidden Costs of Migraine Are Significant
The INESSS’s evaluations tend to prioritize direct healthcare costs—such as medication prices and doctor visits. Access to anti-CGRP treatments is restricted mainly because these medications are more expensive than traditional preventive options like antidepressants, antihypertensives, and anticonvulsants.
However, the indirect costs of migraine—such as absenteeism (missing work due to a migraine attack), presenteeism (working through a migraine attack with reduced productivity), and disability—are substantial. These costs are particularly high because migraine most commonly affects people of working age. Factoring in these indirect costs is crucial to understanding the full societal impact of migraine.
The brief submitted by Migraine Québec to the INESSS includes an economic analysis of the burden of migraine, incorporating the latest estimates of both direct and indirect costs of the disease in Canada.
Toward Better Access to Anti-CGRP Treatments
Drawing on the latest data, national and international recommendations, and real-world patient experiences, Migraine Québec emphasizes the need to expand access to anti-CGRP treatments—without requiring three prior treatment failures—and to extend the renewal authorization period to 24 months.
These proposals are in alignment with a growing international movement, supported by the World Health Organization, recognizing that migraine is a common and disabling condition whose impact is still too often underestimated. This growing awareness calls for earlier, more strategic interventions to meaningfully reduce the burden of migraine—both for individuals and for society as a whole.